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VILLAGE ISTOUTI
6 juin 2006

apres presque 3 mois a Sri Lanka...

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1)     Ressenti – Humeur generale

Ok. Je viens juste d’emménager dans ma nouvelle maison, où il n’y a pour l’instant que deux lits et deux matelas pour meubles. Amjedin va bidouiller quelques meubles avec des planches, ne serait-ce que pour éviter de poser trop de choses par terre, car c’est vite humide.

Je ne me sens plus dans la phase de découverte où tout il est beau et gentil.

Je me découvre une vie quotidienne et m’y habitue tranquillement, même si ce n’est pas tout à fait pareil qu’en France non plus…

Je me demande un peu comment je vais peupler mon temps libre et surtout mes soirées ici ; ce n’est pas la même vie qu’à Colombo !...

C’est surtout que ce village n’est pas vivant, c’est un village sans habitants.

Il y a quand même les travailleurs qui squattent là (d’ailleurs dans nos maisons alors qu’ils ne sont pas censés avoir le droit d’y être) et les personnes de SLS qui travaillent le jour et font des rondes la nuit.

Certaines personnes hors SLS ne sont pas très rassurées par rapport à la sécurité dans ce contexte (Sri Lankais et certains expats), surtout dans cette région de Sri Lanka, réputée pour être un peu plus rude et moins sympa que d’autres… Je ne sais toujours pas si ce sont des préjugés mais pour l’instant je n’ai pas vraiment eu de gros problème.

Je n’ai pas encore grand meuble dans la maison. SLS attend les premiers fonds de SLS pour bidouiller quelques lignes du budget en notre faveur, ou plutôt pour aller dans le sens d’un petit peu plus de confort en ce qui me concerne.J’ai acheté quelques trucs aussi (petite gazinière, ventilateur, rideaux, vaisselle, etc.) et je vais décorer tout ca petit à petit. Ca va, au niveau confort, un petit bémol tout de même : la semaine que j’ai passée ici, je n’ai eu l’eau courante qu’une soirée (ils ont installé un réservoir qui fuit !...). On se lave au baquet comme les mamies d’antan. Ca va, ce n’est pas désagréable non plus, c’est juste pas pratique pour plein de choses. Heureusement, on a les petits gars bien sympas d’SLS qui nous transportent les seaux.

A Colombo, je ne séjourne plus désormais chez Fred (guesthouse SLS), mais chez Mahen, le long du canal, entourée de nature ou presque (comme quoi c’est possible, même à Colombo. A vrai dire, je trouve que pour une capitale, Colombo est restée assez verte en fait, mais je ne suis pas sûre d’être objective).

-         Transports : Les voyages en bus pour faire le trajet Hambantota – Colombo sont vraiment galères et surtout très longs (7h assis dans un bus où on a rarement la place de bouger ses jambes ne serait-ce qu’un petit peu, ca fait long. Je suis mauvaise langue, il y a quand même un arrêt ou deux).

On se retrouve avec une couche de suie d’un millimètre d’épaisseur en arrivant; j’ai l’impression de fumer l’équivalent d’une année de clopes dans ces moments-là…

Et puis il y a toujours un gars pour essayer de glisser sa main sur ma cuisse, furtivement au début puis de plus en plus sciemment ensuite. Et les regards un peu secs ou méchants ne leur suffisent pas toujours, mais pour l’instant le fait de les calmer à voix haute sur un ton cassant devant tout le monde, ca marche plutôt bien (mais je n’éprouve vraiment aucun plaisir à faire cela non plus).

Mais ca fait du bien de remonter de temps en temps !!...

Pour ce qui est de Hambantota, on a changé de tuk-tuk driver ; l’ancien ayant intégré l’école de police. Le nouveau conducteur s’appelle donc Sulffer, habite Hambantota avec sa femme et ses filles et parle un peu moins bien l’anglais, ce qui ne l’empêche absolument pas d’être serviable et sympathique. Nous avons aussi à disposition une mobylette et une moto à Beliatta (censée servir à Lakshan mais il ne veut pas). Cela dit il faut un permis pour la moto et surtout il faut savoir s’en servir !

-         Organisation du travail : Je ne me débrouille plutôt pas trop mal pour l’instant. Je suis plus efficace sur place quand il n’y a pas tout le monde, parce qu’on partage le tuk-tuk alors forcément… Donc j’évite les rendez-vous dans ces moments-là où je prends le bus et je marche, ce qui je tiens à le préciser (car cela m’a étonné) n’est pas un sport national, dans le sens où ils le feraient avec plaisir. Ils utilisent énormément le bus (ce qui se comprend vu le prix), le vélo aussi (mais toujours sans lumière la nuit, ce que je ne comprends pas du tout vu la dangerosité de la conduite ici. C’est pourtant pas bien compliqué d’avoir une dynamo non ?!… Peut-être quelqu’un a-t-il une réponse rationnelle à cette question).

En ce qui concerne SLS, nous avons une réunion d’équipe chaque lundi. Je ne viens pas à chaque vu que je ne suis pas à Colombo tous les week-ends (j’y serais certainement plus souvent si les trajets n’étaient pas aussi longs), mais à la place je vais un peu plus souvent à Gala Pita, ce qui n’est vraiment pas un mal à vrai dire…

Le rythme de travail est différent ici. Effectivement, certains travaillent ici quasiment toute la semaine mais à un rythme plutôt lent (et je pense qu’ils sont contents d’être là aussi, mais peut-être que je me trompe) ; les heures passent des fois très vite sans qu’il ne se passe grand-chose. Pour ma part, je suis plutôt du genre à être hyper active pour avoir pleinement le temps pour me reposer après quelques jours tranquillement. En gros, je pense que je peux faire en 4 jours ce qu’ils font en 6 ou 7 (même s’ils sont aussi capables d’être hyper efficaces), et je tiens à préciser que ce n’est pas péjoratif, c’est simplement une façon de travailler différente.

-         Santé : Toujours rien à déclarer sinon que je me suis lamentablement vautrée dans une feuille de palmier (c’est traitre une feuille de palmier il faut le savoir, surtout quand on court…). Bref, tout ca est déjà quasiment guéri.

Sinon, j’ai juste choppé un petit virus, style gastro, que pas mal de gens ont eu aussi. Ce n’est jamais bien agréable mais ca n’a duré que deux jours, c’est pas la fin du monde… J’ai juste travaillé de la maison une après-midi.

2)     Intégration locale – rencontres

Au niveau de mes sorties nocturnes, je commence à me renseigner de ce qu’il se passe à Hambantota.

Il y a par exemple le « Double N », qui est censé organiser tous les jeudis soirs des soirées ONG (jeudi dernier il n’y avait que des locaux mais bon…), et où, coïncidence, notre ancien cuistot Pubudu travaille maintenant.

C’est pas que je ne veux rencontrer que des étrangers, surtout pas, mais tout le monde ici me fait tellement la morale (pas au sens négatif du terme) pour que je sois prudente et distante, que je préfère y aller doucement avec les locaux (d’autant que ce sont des commentaires qui viennent autant des étrangers que des sri-lankais, avec qui je bosse ou non). Ce n’est pas non plus que je ne veux pas me mélanger avec les locaux, d’ailleurs je le fais, notamment avec une personne en particulier, mais je ne rentrerai pas ici dans les détails.

1)     Le projet, la mission :

Au niveau de la « pre-school », les plans définitifs seront prêts dans la semaine. Il faut maintenant que je traite avec les autorités gouvernementales pour le faire valider (Urban Development Authority et Pradesiya Saba au niveau local, Ministry Of Childhood au niveau national). C’est toujours aussi confus à ce niveau là et nous ne sommes pas forcément super optimistes. D’ailleurs, nous envisageons éventuellement de confier l’école pourquoi pas à d’autres organisations (ONG, …). J’ai posé la question à Mr. Punchihewa de RADA, il va voir ce qu’il peut trouver dans son réseau. Sinon, je ne perds pas espoir non plus pour les autorités, je reste en contact avec Shiromi du Hemas, qui négocie sec en ce moment (parce qu’elle a les mêmes problèmes).

Pour ce qui concerne le centre culturel, ils en sont toujours au niveau du dessin des plans (sur autocad). Le problème, c’est que c’est un sri-lankais qui est chargé de faire ca à Colombo et qu’il ne vient pas souvent alors qu’il est censé être là (parce qu’il pleut ( ?! ), qu’il a oublié que c’était son anniversaire, qu’il arrive en retard et travaille 1 heure, ou pour d’autres raisons obscures…).

J’ai l’impression que c’est un problème typiquement sri-lankais (tout le monde n’est pas comme ca heureusement, mais quand même…), notamment sur le chantier, où les ouvriers ne sont pas toujours là : entre les jours fériés, le fait qu’on n’arrive pas à leur faire passer le stade de la finition des maisons (on ne sait pas vraiment pourquoi d’ailleurs mais Philippe bataille ferme !) et les problèmes de ravitaillement de briques…

Ce dernier point est d’ailleurs assez important pour que je vous en parle. Philippe nous a appris hier que l’entreprise qui fabrique les terra-bricks (la seule à Sri Lanka) ne peut plus nous approvisionner (trop de demande apparemment) et… augmente ses prix de 30 %, comme ca !... Ca nous pose donc un sérieux problème et nous envisageons du coup de construire maintenant en ciment. Rien de définitif pour l’instant, je vous tiens au courant…

2)     Difficultés ou problematiques rencontrees

Pas vraiment en ce qui concerne ma vie à Sri Lanka. Rien ne me manque vraiment terriblement de France, que ce soit ma famille, mes amis, « ma Normandie » ou la bouffe (j’ai même trouvé du Lindt noir au Food City, même pas cher !...).

Bien sûr que j’y pense, mais rien de déprimant ou d’insurmontable. Ca me donne des fois un peu mauvaise conscience, surtout pour la famille, car je ne leur donne pas énormément de nouvelles.

Comme je le disais, je ne suis plus dans la phase de découverte, peut-être un peu hystérique fofolle je l’avoue (mais je ne vais pas me refaire, d’autant que c’est toujours comme ca, et que j’adore ca !). Je m’habitue à la réalité locale assez naturellement, sans faire de « chutes ».

Je collabore avec des gens plutôt coopératifs en général pour ce qui est du boulot, aussi bien à Colombo qu’à Hambantota. Les seules personnes un peu désagréables auxquelles j’ai eu à faire (et dont j’ai su par la suite qu’elles étaient tout sauf coopérantes) font partie du Pradesiya Saba.

En ce qui concerne les relations perso, je pense que je me suis fait un bon petit réseau qui en appelle d’autres, de gens sympathiques et de confiance (certes on ne peut jamais être sûr de ca…).

Bizarrement, c’est avec les français que j’ai le moins de relations et avec lesquels finalement l’entente et la communication ne sont pas si facile, mis à part avec Fred (cela vient certainement plus des personnes elles-mêmes que du pays d’origine), ce qui ne veut pas dire que je ne m’entends pas avec eux, mais c’est différent. Je ne sais pas si je suis objective (et je ne suis pas tout le temps là non plus mais je pense qu’ils restent souvent entre eux, ne se mélangent pas beaucoup à la population locale, un peu plus avec les expats.

Ce n’est pas que je ne veux pas rentrer dans ce cercle, c’est que du coup ca ne me semble pas (ou plus) naturel. J’ai trouvé auprès d’autres gens[1] ce que je cherchais, c’est-à-dire une communication juste, vraie, avec une prise de risque (j’entends par là un dévoilement de soi et une ouverture sur l’autre), un naturel, une spontanéité et l’envie de faire quelque chose ensemble (j’arrête tout de suite ceux qui penseraient aux plaisirs de la chair, même si c’est en effet très agréable. Il n’y a qu’une personne qui en profite depuis que je suis arrivée ici en ce qui me concerne, et ca ne va pas changer pour le moment. Je m’excuse auprès de ceux qui auraient pu croire le contraire ; la complicité et la spontanéité à vouloir faire des choses ensembles n’entraînant pas forcément de relations sexuelles ou amoureuses par la suite (bien sûr, ca peut aussi). Je pense que la gent masculine a un petit problème avec ca, peut-être avez-vous un avis sur la question, qui n’a par ailleurs rien de professionnel, donc je vais tout de suite en venir au point suivant…

Il n’y a donc pas grand-chose qui me pèse pour l’instant (ca viendra certainement, je n’en doute pas).

Le seul petit point noir concernerait la langue, comme je l’avais déjà évoqué la dernière fois. Je vais m’organiser quelques petites leçons jusqu’en juillet avec Kusum pour commencer (ensuite elle prend un congé de 3 mois pour partir en Europe). J’en ai parlé aux personnes du RADA, qui ont déjà commencé à chercher un prof pour moi.

Sinon, je commence à me rendre compte qu’il est très difficile de tenir des délais ici. Je me rends compte que je commence à perdre patience quelquefois, notamment sur le terrain, où il faut attendre les uns et les autres (quand on utilise le tuk-tuk entre autres) et que ça bouffe un temps monumental, qui pourrait être utilisé pour autre chose. Tout est toujours repoussé et j’ai malheureusement l’impression qu’il n’y a pas vraiment de solution miracle… A suivre.

Ca m’énerve un peu parfois, mais bon, il faudra bien que je m’y habitue…

Cela dit, certains Sri lankais ne s’y habituent pas non plus, un m’a dit il y a quelques jours : « En Europe, vous avez un proverbe qui dit, ‘Pourquoi remettre à demain ce que tu peux faire aujourd’hui’, ici on pourrait dire ‘Pourquoi remettre à demain ce que tu peux faire après-demain ».

J’ai trouvé ça rigolo ! Quand on le vit, ça l’est parfois beaucoup moins, mais comme dirait Kusum : « All happens for the best ».

Welcome to Sri Lanka !!!

3)     Anecdotes :

- Dans tous les endroits officiels, quand la journée commence, en général vers 9h, ils passent l’hymne national dans des hauts parleurs, qui ne doivent servir qu’à ca d’ailleurs. Tout le monde se lève et écoute stoïquement.

Par ailleurs, cet hymne est beaucoup plus sympa que le nôtre, ca sonne beaucoup plus comme « les îles » et les paroles sont plus sympas aussi (ca parle de la nature, de ce beau pays, …).

- J’ai l’impression que le fait de faire partie d’une petite ONG qui n’a pas beaucoup de moyens nous donne un peu plus de respect vis-à-vis des locaux, parce qu’on est comme eux, on prend le bus ou le tuk-tuk. De fait, ca me semble parfois plus facile de négocier avec eux sur certains points, mais peut-être que je me trompe…

- Pour l’installation dans notre maison, comme pour tout emménagement où que ce soit (on y a eu droit aussi pour l’inauguration de l’école de Chandra et Patricia), il y a tout un cérémonial. D’abord on prépare le kiribath (riz au lait), que l’on peut manger sucré ou avec le sambol, un mélange d’épices (qui arrachent !!!). Il faut aussi faire bouillir le lait, jusqu’à ce que ca déborde, et plus ca bout vite, plus c’est signe de chance. Après, au choix, on peut avoir de l’encens, des bougies à allumer, des prières faites par un moine, etc.

                

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[1] Qui sont pour quelques uns étrangers, d’Europe ou non, pour les autres des Sri Lankais (à Colombo, je côtoie une majorité de Tamouls et Singhalais, parlant principalement anglais (plus que singhalais ou tamoul) et à revenus assez élevés. A Hambantota, la population est à majorité musulmane d’origine malaise, mais je ne me suis pas encore fait d’amis à proprement parler.

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Commentaires
M
hello, tu auras surement remarque sur mon email, ke je suis un peu en relation ac le SL, mon pere etait sri lankais, je viens juste de decouvrir et parcourir ton blog, franchcment cela fait plaisir de savoir que des assoce, et surtout de bonnes personnes aide ce si beau pays, pas mal desorganise ca je veux bien te croire a ce que tu racontes. Je l'ai viste en 2000 et 2002, ce fut un choc , je ne connaissais pas du tout le pays de mon pere, j'ai retrouver des idees et des analyses que j'avais eu a l'epoque sur ce pays, ces habitants et sa magnifique Nature....<br /> Je te souhaite bonne continuation et bon courage.....<br /> Bise M*
VILLAGE ISTOUTI
  • Mission de volontariat de 2 dans le cadre de la construction d'un village à Sri Lanka (Koholankale, à quelques kilomètres d'Hambantota), par une association francaise :Sri Lanka Solidarity. Je suis chargée des projets éducatifs et culturels dans ce villag
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